後2か月

Deux mois et demi ont passé que me voilà déjà arrivée à la moitié de mon séjour au Japon.
Je me suis dit qu'une petite mise au point était nécessaire bien que je ne sache vraiment de quoi je désirais parler...

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Le Japon et les japonais

Comme vous avez peut-être pu le remarquer, le Japon était un pays qui m'intéressait énormément bien avant que je n'envisage d'y aller. La culture japonaise m'intriguait en bien comme en mal, j'en étais devenue presque fascinée. Je ne me considère pas pour autant comme une otaku française aveuglée par un Japon idéalisé voire déitisé. Je sais très bien que la société japonaise rencontre actuellement divers problèmes à plusieurs niveaux. Après tout, nulle société n'est réellement parfaite. Il n'en est moins que savoir quelque chose est bien différent que de s'en rendre compte soi-même. Néanmoins, je peux vous affirmer ceci : le Japon est un pays humain. Ne vous y méprenez pas, ce n'est (n'était?) pas si évident.
L'image véhiculée du Japon est assez mal galvaudée par les médias occidentaux. Depuis une ou deux décennies, le Japon est associé à une culture otaku (restreintes aux mangas, animés et jeux vidéos), à des extravagances vestimentaires et à des émissions où des japonais font les débiles. L'on en a presque oublié qu'il a su conserver sa part traditionnelle et qu'il s'agit de la deuxième puissance économique mondiale. Les fourmies "kawaii" aurait-elles remplacées les ouvrières?
Ne vous y méprenez donc pas, le Japon est un pays moderne, très urbanisé certes mais pas à 100%. Avec 30% de surface habitée, il est toujours possible de se rendre dans des contrées plus rurales et naturelles...
Le pays du manga comme certains aiment le nommer n'est pas si "manga" que l'on aimerait le croire. Le phénomène otaku (toujours au sens occidental du terme) est peut-être présent au Japon, il n'en est pas le plus représentatif de cette société. La plupart des japonais à qui j'ai pu parler ne lit même pas de manga. Tous les japonais s'adonnent encore moins au cosplay et autres extravagances vestimentaires. Les jeunes comme ceux photographiés dans les livres Fruits ou encore Gothic Lolita aux éditions Phaidon ne représentent qu'une minorité, le dresscode ambiant étant costume-cravate pour les hommes et tailleur plus ou moins casual pour les femmes. Au Japon, l'on ne s'habille pas comme on veut à tous les âges. Il est vrai qu'en principe, ici, personne ne fera de remarque si vous êtes habillés de manière voyante, provocante ou autre. L'on peut appeler ça de la tolérance (tout comme de l'indifférence.
Cela fait néanmois parti de l'éthos japonais :
Les japonais ont aussi une capacité incroyable à accepter les choses. Ils se posent peu de question. Le pourquoi, du comment, si appréciés des français, trouvent souvent cette même réponse : "parce que c'est comme cela". A vous de vous en contenter ou de trouver vous-même votre réponse.
Les japonais sont polis : ils disent rarement ce qu'il pense réellement particulièrement lorsque quelque chose ne leur plaise pas. Cela relève en partie de la langue japonaise elle-même où le non-dit est plus important que ce qui est dit. A vous, gaijin, de lire dans leurs pensées.
Les japonais sont prévenants : ils font très attention à leurs interlocuteurs et très à l'écoute (le fait que le verbe, noyau de la phrase, soit en fin de phrase, y est sans doute pour quelque chose).
La société japonaise n'en demeure pas moins très conformiste. Ici le politiquement correct s'assimile au moyennement correct. Le japonais typique suivra toujours le "mouvement ambiant". A un feu, rouge pour les piétons, il patientera jusqu'à ce que le bonhomme devienne vert et lui permette de passer cependant s'il voit une, deux, trois et plus traverser, il les suivra naturellement.

Autre chose à savoir, à la base, le terme "otaku" ne désigne pas uniquement un fanatique de manga, d'animé et de leurs produits dérivés, mais de manière général une passion virant jusqu'à l'obsession. Ici, on trouve des otakus de tout, cela inclut également certaines choses qui peuvent nous paraître insignifiantes (e.g. les petites voitures ou encore le pain français).


La vie au Japon

Le niveau de vie au Japon est assez élevé. Pour résumer, je dirai qu'il est très confortable de vivre ici, même si cela implique un coût qui s'avère relatif.
Les rues sont propres, les transports en commun aussi. Bus, métros et trains sont aussi très efficaces. Le service japonais est aussi sans doute l'un des meilleurs de ce monde : dès que vous entrez dans un magasin ou dans un restaurant, vous serez assommé d'un 'Irasshaimase' et d'un "arigatougozaimashita" en ressortant. Ici, serveur et vendeur sont aux petits soins du client. On a l'impression d'exister. Les conbinis sont aussi très pratiques car ils vendent un peu de tout et sont ouverts 24h/24. Les magasins sont aussi ouverts tous les jours même le dimanche.
Concernant le coût de la vie, je suis assez mitigée. Autant j'ai vu des prix et tarifs exorbitants, autant j'en ai vu défrayant toute concurrence. C'est au consommateur de s'informer et de faire son choiX. Je fais mes courses dans deux endroits : au supermarché (1 fois/semaine) et au 100 yens shop (2 fois/semaine). Au total, je dépense 2500 à 3000 yens (environ 20-24€). Par contre, cela ne comprend mes repas du midi en semaine. Le midi, je mange la plupart du temps à la fac soit à la cantine universitaire (shokudo) ou soit dans le lobby du "Ryugakusei center" après avoir acheté mon déjeuner au conbini du campus (env. 500 yens pour une boisson, un bento et un dessert). On trouve aussi beaucoup de restaurants bon marché où l'on peut manger pour environ de 700-800 yens (5-6€).
Pour m'installer, je suis allée au 100 yens shop et eu recours à Internet. Au total, j'en ai eu pour 10 000 yens maximum (80€). Heureusement, mon studio est meublé et la résidence fournit un service de location de futon. D'ailleurs, mon studio de 16 m² me coûte 15 000 yens (120€) par mois, toutes charges comprises (eau, électrivité, gaz). C'est 5 fois moins que mon studio à Paris et la moitié de ce que je paierai en résidence universitaire.
Il faut aussi que je paye mon assurance santé japonaise : 1600 yens par mois. Et les transports me reviennent à 3000 yens par mois
Au total, il me faut au minimum 42 000 yens (315€) pour vivre. Je me suis néanmoins réserver un budget de 80 000 yens (600€) pour m'amuser, faire du shopping et voyager.
Au final, la vie m'est moins chère ici qu'à Paris. Cependant, c'est en partie lié à mon statut de "special exchange student" (je n'ai pas, par exemple, à payer les 5000€ de frais de scolarité) et du fait que je vive sur le campus, j'en suis bien consciente.
Le Japon n'est pas un pays bon marché. Ici, la consommation est parfois tirée à l'excés : il faut dépenser pour s'amuser mais aussi pour réussir socialement (frais de scolarité, financement des cours privés). Mais ce n'est pas non plus un pays si cher par rapport aux autres pays développés.


Depuis mon arrivée, j'ai essayé de comprendre au mieux le Japon et de ne pas le juger avec mes yeux d'occidentale civilisée. Pour être honnête, je ne veux pas juger ce pays tout court. Néanmoins, je ne veux pas non plus tomber dans le relativisme culturel. J'avais juste envie de partager mes observations et ma situation.


わたしのこと (et moi?)

Ces deux mois et demi au Japon auraient-ils changé ma vie? Il est certainement trop tôt pour y répondre d'autant qu'il me reste encore deux mois et demi. Pour l'instant, j'ai fait de bonnes rencontres mais je ne pense pas qu'elles puissent modifier mon avenir.
Je me pose toujours des questions sur mon orientation professionnelle : retour en droit des affaires, virage au droit social ou carrément dans la recherche?
A mon retour en France, je vais devoir reprendre le rythme assassien avec ses horaires fous et la charge de travail auxquels je me suis déshabituée. Il faudra aussi que je valide mon M1, choisisse un M2, postule pour ce M2... J'envisage aussi la possibilité de revenir au Japon en tant que boursière du gouvernement japonais.

Plein de choses à accomplir en somme...

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